Les solutions de Greenpeace pour sortir du nucléaire

novembre 2020

Je me propose de lire la partie «Des solutions existent» du site de Greenpeace.

Je reproduis ici verbatim les différents paragraphes, y compris les liens.

Premier paragraphe

Il n’y qu’une solution face aux dangers de l’énergie nucléaire : y renoncer. De multiples autres alternatives existent. Le nucléaire est sans issue : il faut changer de voie. En défendant ce point de vue, Greenpeace ne se montre pas utopiste, mais pragmatique. Comment défendre une énergie aussi risquée, aussi coûteuse, aussi peu démocratique, aussi peu adaptée au futur de notre planète ?

Mon commentaire : ce ne sont que des affirmations sans sources, ni propositions. C’est peut-être vrai, peut-être faux. Ce paragraphe est donc, du point de vue informatif, équivalent à une page blanche.

Second paragraphe

Contrairement à ce que le lobby nucléaire nous répète depuis des décennies, nous pouvons abandonner le nucléaire. Les moyens financiers, techniques et humains sont là : les énergies renouvelables sont aujourd’hui prêtes à prendre le relais du nucléaire et des énergies fossiles (et elles le font déjà dans bien d’autres pays). Les sondages réalisés ces dernières années le montrent : les Français l’ont compris et s’expriment dans le sens de cette transition.

Commentaire : ce paragraphe est faux. Il n’est pas vrai que les énergies renouvelables sont prêtes à prendre le relais du nucléaire et des énergies fossiles, et aucun pays ne le fait. Ce qui est (peut-être) vrai est que les sources d’électricité renouvelables peuvent prendre le relais du nucléaire et de l’électricité fossile. Or l’électricité ne représente que 20% de l’énergie consommée.

C’est à ce niveau qu’il y a un conflit entre la sortie du nucléaire et le climat : à l’intérieur des scénarios de sortie du nucléaire, il n’y a pas de marge pour électrifier les 80% d’énergie fossile utilisée en France.

Je me permet d’insister sur ce point parce qu’il est fondamental et qu’il change complètement la donne sur le nucléaire. On ne peut plus, en 2020, se contenter de sortir du nucléaire en maintenant la production électrique. Il faut prévoir une (très grosse) marge pour le climat.

À propos de climat

Le lien entre nucléaire et climat n’est pas si simple. D’ailleurs Greenpeace fait systématiquement la confusion entre «énergie» et «électricité» pour faire passer ses idées anti-nucléaire dans ses paragraphes sur le climat.

À lire sur la page sur le climat :

Les énergies renouvelables sont en plein essor. Toute la question est de savoir si elles se développeront assez rapidement pour éviter un emballement climatique. Les technologies actuelles nous permettent de passer au « 100 % renouvelable » (comme le montrent de nombreux rapports, dont ceux de Greenpeace), et leurs coûts ne cessent diminuer et donc d’améliorer leur compétitivité. Il ne manque plus que la volonté politique.

Encore une fois, ce sont des affirmations sans justifications. Et encore une fois, ils parlent d’électricité, pas d’énergie.

Et cela est très grave parce qu’ils laissent entendre que supprimer les énergies fossiles est aussi simple que produire l’électricité avec des renouvelables. Ce n’est pas du tout le cas.

Et ils en remettent une couche ici :

Les énergies solaire, éolienne ou marémotrice sont prêtes à prendre le relais des énergies fissiles et fossiles. Si nous ne passons pas à 100 % d’énergies renouvelables d’ici à 2050, il ne sera pas possible de limiter la hausse des températures à 1,5 °C d’ici à la fin du siècle. La France, notamment, pris beaucoup de retard sur ses voisins européens dans le développement des renouvelables. Il est temps qu’elle passe à la vitesse supérieure.

Le développement des renouvelables en France n’a aucun objectif climatique, vu que l’électricité française est déjà sans carbone. Ici Greenpeace veut créer la confusion dans l’esprit des gens entre climat et nucléaire. Remplacer le nucléaire français par des renouvelables peut avoir plein de justifications, mais pas de justifications climatiques.

Je ne sais pas que quels «voisins européens» Greenpeace veut parler, mais l’Allemagne a, certes, beaucoup d’électricité renouvelable, mais sort du nucléaire au prix de prendre du retard sur la fermeture des centrales au charbon. Insinuer, dans un texte sur le climat, que c’est une bonne idée est impardonnable.

De même, le Belgique a voté en 2018 qu’elle fermerait ses centrales nucléaires en les remplaçant par des centrales au gaz.

Pause avant le troisième paragraphe

Jusqu’à présent, aucune solution n’est proposée, et les affirmation de Greenpeace sont au mieux vides, au pire fausses, et d’ailleurs mon commentaire du paragraphe précédent suppose que les affirmations de Greenpeace sont vraies en remplaçant «énergie» par «électricité», ce qui reste à prouver.

Et c’est justement ce que Greenpeace veut prouver dans le troisième paragraphe.

Troisième paragraphe : les propositions

Ici, je reproduit le texte, avec les liens.

De nombreux exercices de scénarisation sont venus appuyer cet élan : ce sont environ 70 scénarios de transition énergétique qui ont été réalisés depuis 2005, à l’échelle mondiale, européenne ou française.

Mon commentaire : les trois liens sont morts.

Quatrième paragraphe

Ce qui manque, c’est la volonté politique. Cette volonté semble absente tant du côté des États que des industriels du secteur de l’énergie. Ceux-ci semblent prisonniers d’un autre siècle, celui où produire devait se faire aux dépens de la planète et de ses habitants. Un temps révolu.

Au final : quelles solutions proposées ?

Greenpeace ne propose rien à la place du nucléaire. Greenpeace affirme beaucoup de choses sans sources, dont certaines sont fausses d’un facteur 5 (parler d’énergie au lieu d’électricité).

Les trois sources que Greenpeace référence sont trois liens vers des pages qui n’existent plus.

Sabotage climatique

Et le plus grave : Greenpeace sabote le débat sur le climat:

Greenpeace est une association anti-nucléaire, ok, ça on l’a compris. Ils ont leurs raisons qui peuvent même se défendre.

Mais ce qui est indéfendable, c’est d’injecter des informations fausses sur le problème climatique pour pousser la sortie de l’électricité nucléaire.