Climat et technologie

Novembre 2016

Je suis tombé un peu par hasard (mais pas tout à fait) sur cette vidéo qui fait un tour des 10 prévisions «les plus probables» du futur. Il s'agit bien entendu de prendre les technologies actuellement existantes et imaginer de les pousser à leur extrême limite; un peu comme Jules Verne qui connait bien les canons, très en vogue et en évolution constante à son époque, et s'imagine de tirer jusqu'à la Lune, en passant complètement à côté du moteur à réaction (et qui peut lui en vouloir ?).

La vidéo fait deux types de prédictions :

Soyons clair : les deux types de prédictions ne sont pas dans le même registre. Les prédictions technologiques se basent sur une croyance que tout va continuer à évoluer, que nous n'allons pas tomber sur des problèmes insolubles (le canon de Jules Verne, qui était possible vu les connaissances de l'époque, est impossible vu les connaissances actuelles; nous sommes allés sur la Lune complètement différemment), et que l'engouement pour les produits high-tech qui a lieu depuis à peine 50 ans continuera dans encore un siècle.

La prédiction climatique se base sur une certitude que si les émissions continuent comme actuellement, nous allons prendre nettement plus que 5 degrés d'ici à 2100. Et également une certitude que si tous les engagements de la COP21 sont respectés à la lettre, nous allons droit dans le mur.

Autrement dit : la prédiction climatique annule les autres. Si elle se réalise, les autres ne se réaliseront pas. Et mieux : si les autres se réalisent, il y a fort à parier que celle climatique se réalise également.

D'où ma prédiction personnelle : en 2100, tous ces trucs de réalité augmentée, d'intelligence artificielle ne seront pas le quotidien des humains. Mon argument est que je ne crois pas à ce que l'on puisse fournir une tablette qui se connecte à la nG (remplacer n par ce que vous voulez) 24 heures par jour pour créer de la réalité augmentée en permanence directement à travers des google glass, à 7 milliards de personnes sans balancer une quantité astronomique de CO2 dans l'atmosphère. Et en parallèle, si on prend 5 degrés d'ici la fin du siècle, les conséquences seront tellement catastrophique que les portables ne seront plus qu'un lointain souvenir.

En résumé, le niveau technologique moyen va baisser un bon coup

Il est temps de prendre au sérieux l'idée que l'an 2100 ressemblera plus à l'an 1300 qu'à ce qu'on s'imagine que sera l'an 2050. Surtout si 2050 ressemble à ce qu'on imagine.

Et pourtant elles baissent

Oui mais l'Europe baisse ses émissions depuis 40 ans tout en gardant un niveau technologique très croissant.

Oui, mais l'intégralité des baisses des émissions européennes depuis 40 ans sont dues à une exportation de ces émissions. En 1990, un ordinateur acheté en Europe mettait une tonne de CO2 dans l'atmosphère européenne. Aujourd'hui le même ordinateur met la tonne dans l'atmosphère chinoise. Bing, l'informatique européenne n'émet pas un gramme. Belle économie !

Si on réaffecte à l'Europe les émissions qui ont lieu ailleurs pour le compte des européens, alors on se rend compte que les émissions européennes n'ont pas cessé d'augmenter. Pour ne pas parler de se stabiliser ou de diminuer.

Et la croissance verte ?

Oui, mais les données sont le pétrole du 21ème siècle. Nous créons pour l'instant un modèle économique qui permet de faire de la croissance sans augmenter la consommation de pétrole et autres trucs du genre : économie de la connaissance, des données, du dématérialisé.

Oui, mais nous n'avons pas créé des industries à la place de l'agriculture. Nous n'avons pas créé des services à la place de l'industrie. Nous les avons crée en plus les un des autres.

L'économie dématérialisée n'est pas à la place de l'économie industrielle. Elle est en plus. D'un point de vue européen il y a seulement une illusion d'optique due au fait que l'industrie a été délocalisée en même temps qu'être «remplacée» par l'économie dématérialisée. Du coup, en ne regardant que l'Europe, nous avons l'impression d'un remplacement alors qu'il s'agit d'un empilement.